Que serais-je sans toi?
NOVEMBRE 2022
Que serais-je sans toi qui vins à ma rencontre?
Que serais-je sans toi qu'un cœur au bois dormant
Que cette heure arrêtée au cadran de la montre
Que serais-je sans toi que ce balbutiement?
J'ai tout appris de toi sur les choses humaines
Et j'ai vu désormais le monde à ta façon
J'ai tout appris de toi comme on boit aux fontaines
Comme on lit dans le ciel les étoiles lointaines
Comme un passant qui chante ou reprend sa chanson
J'ai tout appris de toi jusqu'au sens des frissons.
Jean Ferrat
Un prince hindou n'était pas heureux. Pourtant, il avait tout ce qu'un mortel est susceptible de désirer : un palais luxueux, des richesses à foison, des esclaves à sa disposition, des distractions ; des femmes, il en changeait plusieurs fois par semaine. Malgré cela, il n'était pas heureux. Un jour, il alla trouver son grand vizir et lui demanda ce qu'il fallait faire pour être heureux. Personne n'est heureux, lui répondit l'homme. Insatisfait, le prince posait à ceux qu'il rencontrait sa question. Un sage accepta de se compromettre et lui donna sa recette du bonheur : // vous suffit de revêtir la chemise d'un homme heureux et vous le deviendrez. Aussitôt, le prince envoie ses ambassadeurs dans tout son royaume avec mission de trouver l'homme heureux et de rapporter sa chemise. Les ambassadeurs partirent aux quatre coins du royaume et interrogèrent les gens. Partout, la même réponse : Non, je ne suis pas heureux. Je n'ai qu'un petit coin de terre et je ne peux nourrir ma famille. Je ne suis pas bien dans ma peau. Je m'ennuie terriblement.
Riches et pauvres, hommes ou femmes, adultes ou enfants, personne n'était heureux. Les envoyés se désespéraient lorsqu'un jour, l'un d'eux découvrit, au bord d'un massif montagneux, une grotte où vivaient des ascètes. Ils avaient délaissé le monde pour atteindre aux réalités divines. Ils ne possédaient rien et se nourrissaient d'un grain de riz par jour. Au premier qu'il approcha, l'envoyé posa sa question : Es-tu heureux ? L'autre de répondre : Moi, je suis parfaitement heureux. - Alors, donne-moi ta chemise. Un instant le sage fixa sur le visage de son interlocuteur son regard transparent et profond. Il lui dit avec un geste qui indiquait une évidence : Très volontiers je te donnerais ma chemise. Mais depuis longtemps, je n'en ai plus.
Cette vieille légende des Indes - La chemise du bonheur- nous rappelle que l'on peut parfois associer le bonheur à la richesse des autres, à leur santé, à leur jeunesse, à leur réussite, à leur fonction sociale ou ecclésiale. Chercher le bonheur dans l'Avoir ou le matériel au lieu de le chercher dans l'Être, dans la communion, dans la relation, c'est choisir la route des déceptions et des regrets.
UN QUINQUET DE TAVERNE
J'ai tout appris de toi pour ce qui me concerne
Qu'il fait jour à midi, qu'un ciel peut être bleu
Que le bonheur n'est pas qu'un quinquet de taverne
Tu m'as pris par la main dans cet enfer moderne
Où l'homme ne sait plus ce que c'est qu'être deux
Tu m'as pris par la main comme un amant heureux.
Qui parle de bonheur a souvent les yeux tristes
N'est-ce pas un sanglot de la déconvenue
Une corde brisée aux doigts du guitariste?
Et pourtant je vous dis que le bonheur existe
Ailleurs que dans le rêve, ailleurs que dans les nues
Terre, terre, voici ses rades inconnues.
Jean Ferrat
DES LIENS HUMAINS
La morale chrétienne du bonheur nous tourne vers les autres. La découverte du Trésor qu'est l'autre nous fait prendre conscience que ce sont les liens humains qui rendent heureux et non pas d'abord des choses matérielles. Je ne pense pas que l'on puisse être heureux sans les autres. Dès le début de la Création, Dieu avait dit : Il n'est pas bon que l'homme soit seul, comme quoi le bonheur est dans la relation, la communion aux autres.
Le Petit Prince d'Antoine de Saint-Exupéry nous l'avait bien décrit dans sa rencontre avec le renard : Si tu viens à quatre heures de l'après-midi, dès trois heures, je commencerai d'être heureux. Plus l'heure avancera, plus je me sentirai heureux. À quatre heures déjà, je m'agiterai et m'inquiéterai : je découvrirai le prix du bonheur !
LA COMMUNION
Le bonheur est dans la communion. La rencontre des premiers disciples avec Jésus a fait boule de neige... Pierre, André, Philippe et les autres se sont mis à proclamer la rencontre d'un grand bonheur : Nous avons trouvé le Messie. Désormais, ils pourront dire avec le psaume : Tu es mon Dieu ! Je n'ai pas d'autre bonheur que toi. Le témoignage d'une dame de 88 ans, épouse, mère, grand-mère et arrière-grand-mère nous rappelle l'importance des relations humaines par rapport au bonheur.
« Durant ma longue vie, j'ai vu pas mal de choses agréables et désagréables. Rien ne m'a empêchée d'aimer cette vie qui m'a été donnée, je l'aime encore quoique vieille et je vous dis de ma voix la plus forte : Oui, le bonheur est possible. Il faut savoir le trouver. Je vous en donne mon secret : il faut vivre pour les autres et non pour soi. »
Pour être heureux, il faut dépasser la mentalité mon bonheur, mon épanouissement, mon bien-être, moi-moi-moi. Il est bon de nous souvenir que le bonheur est un parfum que l'on ne peut répandre sur les autres sans en faire rejaillir quelques gouttes sur soi ! Dans notre parcours à la recherche du bonheur, n'avons-nous pas tous une personne de qui on peut dire : Que serais-je sans toi ?